Couronné d’une toque blanche, La Table de Suzanne est une adresse au cœur du deuxième arrondissement lyonnais, à deux pas de la Place Carnot et du métro Ampère – Victor Hugo. Dans ce quartier riche en boutiques, ce restaurant de bonne taille n’impressionne pas par sa devanture très classique. Il propose en revanche une cuisine de qualité et exclusivement faite sur place, un bon point. À part des prix un peu exagérés le soir, c’est un excellent choix si vous cherchez une cuisine simple, mais généreuse.

La salle de La Table de Suzanne est elle aussi généreuse, avec une cinquantaine de couverts qui peuvent être servis à chaque service. Le midi, on imagine qu’elle doit être remplie par tous les travailleurs du coin en pause déjeuner. Ce samedi soir de fin de mois d’août, elle était à moitié remplie seulement, essentiellement de couples pour une ambiance qui reste assez calme. Décorée avec beaucoup de goût, cette grande pièce marque par son plafond très haut, typiquement lyonnais. Le temps de se poser, on nous amène la carte ainsi qu’un petit amuse-bouche qui donne le ton : lors de notre visite, c’était un gaspacho bien frais et bienvenu par les fortes chaleurs, accompagné d’un surprenant baton de croque-monsieur végétarien, où le fromage et le jambon avaient cédé la place à de la tomate. Une belle entrée en matière, prometteuse.

Le soir, la carte de La Table de Suzanne est très simple : il n’y a qu’un seul menu, composé d’une entrée, d’un plat et d’un dessert pour 48 €. Si on vient à midi, on peut aussi opter pour l’un des menus du jour et les tarifs sont alors bien plus raisonnables. Au diner, on a le choix entre quatre ou cinq propositions pour chaque moment du repas, ce qui est déjà beaucoup pour une adresse qui entend ne servir que des assiettes fraiches et préparées sur place. Les amateurs de viande ou de poisson seront aux anges, il y a de quoi faire dans tous les cas. Et sans faire d’étincelles, cette carte séduit par la générosité de chaque plat : on sent d’entrée de jeu que l’on aura de quoi manger et que le chef essaie de sortir des sentiers battus en pariant sur des associations originales.

Pour les entrées, le sucré/salé est de rigueur et le chef joue aussi sur les textures et les températures. Le saumon mariné façon Gravelax, un classique parfaitement exécuté, est accompagné d’un sorbet au fenouil assez surprenant, un grain de folie qui transforme cette entrée banale en une assiette plus convaincante. Le tartare de bar était lui aussi accompagné d’un sorbet, mais cette fois au concombre, tandis que les crevettes crues de la troisième entrée étaient servies avec un mélange détonnant d’avocat et d’ananas. Les trois plats étaient plus conventionnels, mais très bien réalisés. Du bœuf avec du foie gras, de la canette à la figue ou bien encore une excellente côte de veau, cuite à la perfection (c’est-à-dire la viande bien rosée) et accompagnée d’une sauce de viande maîtrisée et savoureuse. C’est de la cuisine traditionnelle, ce qui n’est absolument pas un problème, bien au contraire : on se régale, les proportions sont bonnes et c’est un vrai plaisir de manger les plats servis à La Table de Suzanne. Les desserts étaient un petit peu moins convaincant : la carte annonçait un biscuit chocolat, mais il s’agit en fait plutôt d’un entremet comme on en trouve un petit peu partout. Ce n’était pas mauvais, mais pour le coup trop banal, et le sorbet de fraises et le coulis de framboise qui accompagnaient le gâteau n’apportaient vraiment rien. Le sablé abricot et chocolat blanc était un petit mieux, mais ce n’est globalement pas le point fort de l’adresse.

Qu’importe, les entrées et les plats ont déjà fait leur œuvre et La Table de Suzanne est une très bonne adresse, classique, mais très convaincante. Le seul regret, c’est le prix : ces menus ne valent pas vraiment 48 €, voire 52 € si on opte pour le veau. Certes, c’est généreux et bon, mais c’est cher pour Lyon, surtout si on ajoute une bouteille de vin. La carte est composée de références assez coûteuses et là encore, c’est peut-être un peu cher pour ce que c’est. Reste que l’adresse est à retenir dans les environs, surtout si on vient manger le midi : c’est une toque blanche méritée.