Wall-E, dernier bijou des studios Pixar

Depuis la publication de cet article, j’ai publié une nouvelle critique du film. Cette version est conservée à titre d’archive.

J’ai vu Wall-E il y a de ça maintenant une semaine et, par flemme surtout, je n’en n’ai pas parlé ici. Pourtant, plus j’y repense, plus je me dis que ce film mérite d’en parler…

On ne présente plus les studios Pixar. Depuis Toy Story, il ne cesse, tous les ans, de nous étonner, se renouvelant sans cesse là où les concurrents se contentent de copier/coller la même recette à l’infini. Ils semblent déjà avoir choisi de ne pas mettre en scène d’animaux qui parlent, même si, bien sûr, il y en a eu mais c’était alors le rat du Ratatouille de l’an dernier, pas vraiment de sympathiques peluches et de toute façon des animaux très humains.

La production 2008 prend un parti encore plus engagé : non seulement il ne met en scène aucun animal qui parle, mais en plus il ne met en scène aucun humain ! Mais quoi alors ? Un robot unique sur une terre dévastée. Le buzz, savamment entretenu depuis des mois, nous avait ainsi présenté une terre dévasté et un petit robot — Wall-E — qui remplit la tâche qui lui a été assignée, à savoir nettoyer la planète. Les premières bande-annonces ne permettaient pas d’en savoir beaucoup plus, mais déjà plusieurs éléments m’avait intéressé. Déjà le fait que le film semblait être un film muet, enfin, rempli de bips robotiques mais sans paroles. C’était étonnant, nouveau, et je trouvais l’idée bonne même si je me demandais comment ils allaient tenir un film entier ainsi. Ça n’est pas le cas in fine mais je trouve qu’avoir déjà tenu une demi-heure sans la moindre parole relève, pour un film d’animation classé grand public, de la gageure. Par ailleurs, l’histoire d’amour entre deux robots m’avait semblé, dès le départ, très fun. D’autant qu’il s’agit de deux robots très différents : Wall-E est un vieux robot dépassé chargé de ramasser et compacter les ordures ; Eve est au contraire un robot ultra-moderne, tout blanc et avec interface tactile (alors que Wall-E ressemble à un walkman…) et chargée de détecter une trace de vie sur terre, mission autrement plus noble que celle du pauvre Wall-E qui, seul à travailler sur terre, construit de terrifiants gratte-ciels de déchets.

En effet, ce qui est aussi très intéressant avec le point de départ de ce film, c’est qu’il est terriblement pessimiste. En effet, la terre étant trop polluée pour être encore vivable, les humains l’ont abandonné plusieurs centaines d’années auparavant comme on l’apprendra au cours du film. Alors que la plupart des films d’animation se passent dans un environnement globalement accueillant et sans danger, Wall-E commence sur une terre que ne renieraient pas tous les auteurs de dystopies. La situation est d’autant plus grave que les humains sont aussi en piteux état, si j’ose dire. Évacués « pour leur bien » d’une planète à la pollution trop galopante, ils sont tous dans un énorme vaisseau spatial de luxe où tout est fait pour leur rendre la vie facile. Le résultat après 700 ans ? Non plus des hommes et des femmes mais des nourrissons qui ne marchent plus et ne quittent plus une sorte de lit flottant. Ils ne communiquent plus entre eux que par un système de webcam et se contentent de regarder un écran qui les abrutit à longueur de journée.

Ce qui est étonnant dans ce film, c’est le rôle des humains qui semble comme inversé. Alors que traditionnellement, les humains sont plutôt les méchants qui mettent des batons dans les roues des gentilles créatures, ici ils sont gentils, mais gentils au sens de niais. Et finalement, le film présente dans sa dernière partie un combat entre robots, entre gentils robots (Wall-E, Eve et une hilarante bande de robots psychopathes : comme on le voit, les gentils ne sont vraiment pas ceux que l’on pourrait croire dans ce film…) et méchants robots (l’ordinateur de bord et son armée de robots). Et si les humains vont finalement participer au combat, c’est parce qu’ils vont être sauvés… par les robots qui les font tomber de leur lit. Brusquement, une jeune femme tombe et ouvre les yeux, découvrant ainsi que ce devant quoi elle passe tous les jours est en fait… une piscine. Le simple fait de quitter l’écran des yeux lui permet de se réveiller : cela en dit long sur l’avis du film sur les nouvelles technologies…

Je n’ai pas besoin de vous raconter la fin, vous vous en doutez de toute manière. Oui, Wall-E se termine bien, bien mieux qu’il n’avait commencé. Mais ce happy-end ne gène pas vraiment : le fait d’avoir placé le début du film sur cette planète désertée suffit à donner tout son intérêt au film. Je trouve que le fait que les humains soient sauvés par un couple de robot devenu plus humain que les hommes est une excellente idée. Car après tout, c’est parce que Wall-E cherche à comprendre les hommes, découvre l’amour et veut devenir amoureux que tout le film commence…

Bon par ailleurs on ne peut que rester abasourdi devant tant de maîtrise technique de l’outil de la part de Pixar. Tous les ans c’est pareil, on trouve le film toujours meilleur. Mais c’est vrai que les studios se sont encore surpassés, tout particulièrement au début, sur la terre, avec des textures plus vraies que nature. L’animation de Wall-E est également excellente : on se demande vraiment comment ils ont réussi à insuffler tant de vie dans ce petit bout de ferraille.

Et si tout ceci ne vous suffisait pas, j’ai encore deux arguments imparables :

  • Peter Gabriel a composé la musique du générique final. Rien que pour ça, je me devais d’aller voir le film.
  • Et si ça ne suffisait toujours pas, sachez que Eve a été dessiné par Jonathan Ive qui n’est autre que le designer d’Apple. Oh, et détail amusant dans le même genre : quand Wall-E a rechargé ses batteries, il fait un bruit : c’est le gong de démarrage des macs. Là, avouez-le, vous n’avez plus aucun argument pour ne pas y aller ! 😉