Avec la fin de l’année commence le temps des tops. Comme l’an dernier, voici le meilleur du cinéma en 2010 selon moi. Dix-huit films sans autre classement que l’ordre alphabétique, mais avec à chaque fois quelques mots justifiant mon choix. Comme pour tous les best of, il y a forcément des manques, des films qui auraient certainement pu se trouver dans la liste… Je n’ai pas vu certains films qui se trouveront sans doute dans de nombreux tops (je pense à Armadillo ou à Valhala Rising). D’autres films auraient eu leur place, mais je n’ai pas pensé à eux avant les 18 autres, dont acte. Il n’y aura donc pas le fameux Enter The Void, expérience de cinéma intéressante, mais aussi éprouvante…
Classement largement dominé par les États-Unis, sans la moindre surprise. Même quand le réalisateur est français, le film s’éloigne de l’hexagone, que ce soit vers les grandes plaines américaines (Rubber), vers les rues sales de Kinshasa (Benda Bilili !) ou encore vers les plantations d’Afrique (White Material). Heureusement que Xavier Beauvois et Claire Denis empêchent le classement d’une domination totale du cinéma américain. Étonnamment, le cinéma asiatique est peu présent alors que ce fut une année riche : point de Palme d’or notamment, puisque Oncle Boomee ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.
Plusieurs blockbusters se retrouvent dans les 18 films, dont l’excellent Inception, modèle du blockbuster intelligent, ou le non moins réussi The Social Network. Notons aussi la présence de deux films d’animation avec, au côté du traditionnel Pixar de l’année, un film d’animation indépendant très plaisant.
Trêve de discours, place aux films…
- A Serious Man, de Joel et Ethan Coen : parce que l’humour noir des frères Coen fait ici encore des merveilles. La descente aux enfers de ce professeur américain, archétype de l’American Way of Life, à qui tout semblait réussir est drôle et folle à la fois. – Critique
- A Single Man, de Tom Ford : parce que cette histoire de deuil extrêmement stylisée est aussi une très belle histoire d’amour touchante et universelle, alors même qu’il s’agit d’un couple homosexuel. – Critique
- Benda Bilili !, de Renaud Barret et Florent de la Tullaye : parce que ce documentaire sur l’improbable groupe de paralytiques de Kinshasa est un très beau film porté par une musique excellente. Un film tout à la fois réjouissant et émouvant sur un succès inattendu. – Critique
- Cleveland contre Wall Street, de Jean-Stéphane Bron : parce que l’idée de faire un vrai faux procès entre les banquiers de Wall Street et les sinistrés de Cleveland, est aussi folle que réjouissante. Avec uniquement des acteurs non professionnels dans leur propre rôle, Jean-Stéphane Bron parvient à rendre parfaitement claire la difficile crise des subprimes. – Critique
- Des Hommes et des Dieux, de Xavier Beauvois : parce que ce film sur les moines trappistes de Tibhirine est aussi âpre que magnifique et passionnant. Xavier Beauvois parvient très bien à rendre les échanges entre les moines et même à instaurer un peu de suspense là où la fin était connue d’avance. – Critique
- Fantastic Mister Fox, de Wes Anderson : parce que ce film d’animation à l’ancienne retrouve l’univers si particulier du cinéaste teinté d’un humour toujours subtil et basé sur l’absurde. Fantastic Mister Fox est loin d’être un film pour enfants, mais c’est un film tendre et réjouissant à la fois. – Critique
- Inception, Christopher Nolan : parce que c’est l’un des plus grands films de l’année, si ce n’est le plus grand. Christopher Nolan est passé maître dans l’art des blockbusters intelligents et il le prouve avec une maîtrise bluffante… – Critique
- Kick-Ass, de Matthew Vaughn : parce que cette caricature du film de superhéros est réussie, à la fois drôle et bien rythmée. Kick-Ass est aussi un film qui intègre tout l’univers des comics et des superhéros, les vrais, et joue en permanence de ces références. – Critique
- Les Amours Imaginaires, de Xavier Dolan : parce que le jeune prodige québécois (21 ans et deux films) parvient à nouveau à proposer un film magnifique sur un triangle amoureux et sur l’adolescence. Toujours aussi maniéré, toujours aussi égocentrique, certes, mais un vrai regard de cinéma et un talent immense. – Critique
- Les chèvres du Pentagone, de Grant Heslov : parce que cette comédie potache, parodie de film de guerre très fun où règne l’absurde à l’anglaise. Avec néanmoins un regard très juste sur la guerre en Irak et les militaires. – Critique
- Machete, Robert Rodriguez et Ethan Maniquis : parce que Robert Rodriguez réalise un film extrêmement jouissif qui assume totalement son côté second degré et qui se révèle très fun. – Critique
- Mother, de Joon-ho Bong : parce que cette histoire de mère prête à tout sacrifier pour son fils offre un film aussi magnifique que terrifiant. Magnifique pour l’amour maternel absolu, mais un amour si absolu qu’il en devient terrifiant. – Critique
- Rubber, Quentin Dupieux : parce que faire un film entier sur un pneu télépathe est un pari complètement fou qui mérite d’être salué. Le film de Quentin Dupieux s’avère en plus plutôt réussi, avec une réflexion intéressante sur le statut de spectateur. – Critique
- The Ghost Writer, de Roman Polanski : parce que le cinéaste exploite un thriller politique banal pour proposer un film d’ambiance plein de mystère dans l’ombre d’un homme politique, avec un suspense intense lié à l’ambiguïté. Un film riche. – Critique
- The Social Network, David Fincher : parce que le sujet, l’histoire de la fondation de Facebook et de Mark Zuckerberg, son créateur, était casse-gueule, mais passionnant. David Fincher s’en est extrêmement bien sorti et prouve qu’un film grand public peut parler d’informatique et d’Internet de manière juste et précise. – Critique
- Tournée, Mathieu Amalric : parce que ce film au format original, quelque part entre la fiction et le documentaire, est un mélange brillant d’humour, de tendresse et de mélancolie. Les danseuses de Tournée sont incroyables à l’écran et Mathieu Amalric s’en sort très bien, autant comme réalisateur que comme acteur. – Critique
- Toy Story 3, de Pixar : parce que, comme tous les ans, Pixar a réussi encore une fois à nous surprendre avec des jouets qui deviennent, par la force du récit plus que par l’animation, totalement humains. Une réussite totale pour ce film d’animation aussi époustouflant sur le plan visuel qu’émouvant. – Critique
- White Material, de Claire Denis : parce que cette fin d’un monde, celui de colons en Afrique, est un film intelligent autant que beau. Un cinéma exigeant, c’est vrai, mais l’effort est récompensé. – Critique
Auraient pu se trouver dans le classement : City of Life and Death, de Chuan Lu ; Lola de Mendoza ; Poetry de Lee Chang-Dong ; Submarino, de Thomas Vinterberg ; Tête de Turc de Pascal Elbé ; The Killer Inside Me de Michael Winterbottom ; Un poison violent, de Katell Quillévéré ; Unstoppable de Tony Scott.