Dans la longue série d’adaptations de Spider-Man, celle incarnée par Tom Holland dans l’énorme univers cinématographie Marvel fait le pari de la légèreté adolescente. Le personnage est plus jeune et moins sérieux que ses prédécesseurs, ce qui n’est pas plus mal et Tom Holland a réussi à composer un Peter Parker plutôt convaincant en ado d’une quinzaine d’années. Pour autant, Spider-Man Homecoming était divertissant, guère plus, et on n’attendait pas grand-chose d’une suite. Jon Watts rempile pour cette suite, nommée assez logiquement Spider-Man : Far From Home et qui tisse sur le côté teen movie. Cette fois, le super-héros est en voyage scolaire en Europe et bien évidemment, il va devoir affronter la plus grande menace de tous les temps, on connaît la chanson. Ce n’est pas très original, et si le côté fun est assez bien fichu, toute la partie sérieuse de l’action finit par ennuyer, alors même qu’elle part sur de bonnes bases. Divertissant, sans plus.
Spider-Man : Far From Home se déroule juste après Avengers : Endgame et il conclut la troisième phrase de la saga. La mort de Tony Stark est surtout traitée ici, ce qui se tient quand on pense que Peter Parker était son protégé et qu’il était très proche de lui. Ne vous attendez pas à un traitement trop sérieux sur la gestion du deuil toutefois, c’est surtout l’occasion de tisser un lien avec le reste de la saga, tout comme l’ouverture qui évoque la disparition de la moitié de l’humanité — ça, c’était dans Avengers : Infinity War. Leur retour après cinq ans cause quelques problèmes dans le lycée de Peter, et Jon Watts s’en sort assez bien avec cet aspect, avec une bonne dose d’humour. L’intrigue se met en place autour du voyage scolaire en Europe où Peter espère bien conquérir le cœur de Mary-Jane, avec un plan aussi kitsch et gnan-gnan qu’un jeune ado américain peut le concevoir, à base de rose et de Tour Eiffel. Naturellement, ces plans sont contrariés par les Élémentaux : un géant d’eau attaque Venise quand les jeunes s’y trouvent, puis un autre de feu s’en prend à Vienne pile quand ils y sont. Évidemment, Spider-Man est obligé de participer et il aide Mysterio, nouveau super-héros qui se révèle en fait le grand méchant de l’histoire. Disons-le, toute cette partie est assez ennuyeuse, alors qu’elle aurait pu être excellente. L’idée de jouer sur nos perceptions et de vendre un show pour attirer les yeux des médias est excellente, et Spider-Man : Far From Home aurait pu creuser de ce côté. À la place, on s’en tient à un affrontement assez basique, où Peter multiplie les pirouettes et autres cascades jusqu’à vaincre le méchant. C’est dommage de ne rien en faire de mieux, dommage aussi de ne pas accorder plus de temps aux scènes entre adolescents, plus convaincantes. La relation entre Peter et MJ est assez bien écrite, d’autant qu’elle sort des sentiers battus et rebattus par les adaptations précédentes. Tom Holland est parfaitement à son aise dans ce rôle, mais c’est surtout Zendaya qui apporte beaucoup d’épaisseur au personnage féminin.
Jon Watts essaie de fusionner teen-movie avec la grosse production Marvel. Le résultat est mitigé, on sent qu’il est plus à son aise avec les histoires d’adolescents, mais qu’il doit absolument glisser une intrigue pleine de cascades spectaculaires. Spider-Man : Far From Home n’est pas mauvais pour autant et il se défend comme divertissement vite regardé et vite oublié.