Qui pouvait imaginer que Toy Story, premier long-métrage d’animation entièrement réalisé à l’ordinateur et premier gros projet de Pixar, allait donner naissance à une saga ? Vingt-trois ans après ce premier volet et près de dix ans après le troisième épisode, voici donc Toy Story 4. À une ère où le cinéma se nourrit presque uniquement de suites et de répétitions, ce n’est guère surprenant, mais le studio a déjà eu deux fois l’occasion de prouver qu’il pouvait innover sans tomber dans la répétition facile. Josh Cooley a signé un long-métrage magnifique, Pixar faisant encore évoluer sa technique déjà légendaire. Mais même si l’histoire sympathique devrait convenir à la famille entière, on ne peut pas aussi éviter un petit effet de lassitude. Ce quatrième Toy Story n’a pas la bonne idée nouvelle des deux précédents et même si le scénario est bien écrit et même si l’ensemble est agréable, l’intérêt de cette suite est plus discutable. En espérant que ce sera la dernière étape de la saga, Toy Story 4 reste un divertissement qui se regarde avec plaisir, mais sans rester en mémoire comme ses prédécesseurs.
L’histoire se déroule dans la foulée de Toy Story 3, alors qu’Andy devenu ado avait laissé sa caisse de jouets à la jeune Bonnie. La suite de Josh Cooley commence quand la petite fille doit entrer à l’école maternelle. Accompagnée sans le savoir par Woody qui fait tout pour la rassurer, elle se construit son propre jouet à partir d’une fourchette en plastique dénichée dans la poubelle : ce sera « Fourchette ». L’intrigue se met vraiment en place quand la famille part en vacances et que Fourchette prend la fuite, suivie par Woody qui essaie de la retrouver. Commence alors une longue série d’aventures autour d’un antiquaire qui contient une vieille poupée des années 1950 qui retient led deux jouets comme ses prisonniers. Le scénario n’innove pas vraiment, on retrouve l’idée du kidnapping de Toy Story 2, tandis que les conflits entre jouets évoquent fortement son successeur. La surprise est totalement absente après trois longs-métrages et même si Pixar fait encore mieux sur le plan technique — cette année, la gestion de l’eau et en particulier de la pluie est vraiment bluffante —, qui pourrait encore être étonné par les talents du studio ? Ses films restent devant la concurrence et l’entreprise californienne maintient son avancée, c’est très bien, mais elle s’est faite plus connaître par ses histoires que la beauté de ses pixels. Et l’histoire, c’est le point faible du studio, du moins quand il se contente de donner des suites à ses plus grands succès. Alors que le troisième film avait convaincu précisément par son histoire, Toy Story 4 se rapproche davantage du Monde de Dory, de Cars 3 ou bien des Indestructibles 2. Autant de films sympathiques et souvent visuellement spectaculaires, mais qui se contentent de reproduire une formule connue sans apporter grand-chose et qui déçoivent de la part de Pixar. Ce n’est peut-être pas aussi grave pour ce dernier film, qui bénéficie de l’immense capital sympathie de ses prédécesseurs et de personnages que l’on a appris à aimer au fil des années. Reste que l’on était ému et presque aux larmes à la fin de Toy Story 3, alors que l’on est assez insensible quand ce volet se termine.
Toy Story 4 n’est pas un échec pour autant, Josh Cooley prend soin de ne pas maltraiter ces personnages mythiques et il leur offre un cadre très convenable. Il y a de bonnes idées, comme cette fourchette persuadée d’être un déchet et qui ne rêve que de poubelles, et des séquences d’action très réussies. Techniquement, il n’y a rien redire, sauf qu’à l’heure des bilans, ce nouvel épisode laisse un arrière-goût d’insignifiance que les trois précédents évitaient absolument. Pixar avait réussi jusque-là à maintenir un excellent niveau sur la saga, Toy Story 4 laisse le sentiment d’être une suite motivée par le succès et non une bonne histoire. Et c’est bien dommage…