OVNI(s) n’essaie pas de cacher son sujet : il est bien question d’objets volants non identifiés dans cette nouvelle série commandée par Canal+, et peut-être d’extra-terrestres. Le cadre est bien réel, puisque cette création de Clémence Dargent et Martin Douaire se déroule dans les années 1970 au sein du Gepan, le Groupe d’études des phénomènes aérospatiaux non identifiés créé effectivement au sein du CNES à cette époque. L’humanité commençait à sortir de sa planète et l’arrivée d’êtres venus d’une autre galaxie était un sujet au cœur des préoccupations des habitants du monde entier. C’est aussi un sujet abordé à de multiples reprises par la fiction, mais ce n’est en aucun cas une bonne raison de bouder cette série française. OVNI(s) s’impose dès le premier épisode par son traitement original, à mi-chemin entre la comédie et le fantastique, et elle s’avère être une réussite totale, une pépite à voir absolument.
Didier Mathure est un ingénieur respecté au CNES jusqu’au jour où sa fusée explose en plein vol peu après son décollage. Face à cette perte spectaculaire, le directeur du Centre National d’Études Spatiales le punit de la pire manière qui soit, en le mettant à la tête du Gepan. C’est si honteux que tout le monde croit que c’est une légende urbaine, mais non : le CNES a bien un département consacré à l’étude des OVNI, ouvert à la fin des années 1970. La série de Canal+ joue sur les décalages entre le sérieux d’une institution qui était alors considérée comme la troisième puissance spatiale derrière les États-Unis et l’URSS, et cette division qui reçoit les appels les plus improbables d’huluberlus régulièrement bourrés qui pensent avoir vu une navette spatiale quand ils n’ont vu que la Lune ou un parapluie. L’humour provient en partie de cette confrontation entre deux univers, avec ce scientifique respecté qui devait aller s’occuper du projet Ariane et qui se retrouve à la tête d’une équipe de bras cassés, mais OVNI(s) résiste aux classements faciles. Certes, la première saison s’avère régulièrement hilarante, avec tous les faux objets volants non identifiés qu’elle imagine, avec cette vraie secte créée par hasard par un faux témoin ou encore avec cette militaire qui fait tout pour créer une invasion extra-terrestre. Mais cet humour ne résume pas la série, qui repose aussi sur une ambiance fantastique particulièrement bien réalisée, qui évoque tantôt Dark tout en tirant aussi par endroits vers Stranger Things. Il faut saluer d’ailleurs la réalisation, qui est trop couramment le point le plus négligé des productions françaises, mais qui est ici un point fort indéniable. Avec peu de moyens, Antony Cordier — qui a signé la réalisation de tous les épisodes — parvient à offrir à OVNI(s) une identité nette et à créer des ambiances envoûtantes. Le tout, sans se prendre trop au sérieux et avec une bonne dose d’absurde qui fait passer la pilule. Ajoutons à tous ces bons points un casting impeccable, avec que des acteurs qui s’impliquent au maximum dans leurs personnages et offrent une interprétation irréprochable. Et si cela ne suffisait pas, la bande-originale est elle aussi excellente, avec un mélange de musiques de l’époque et de morceaux originaux qui contribuent à plonger dans l’ambiance.
Il est difficile de trouver à redire, même la durée de cette première saison composée de douze épisodes de trente minutes semble parfaite. OVNI(s) est une superbe surprise, une série qui mérite sans conteste le détour. Canal+ l’a d’ores et déjà renouvelée pour une deuxième saison que l’on a hâte de découvrir. En espérant que les créateurs ne perdent pas de vue ce qui a fait le succès de cette première partie, mais on n’a aucune raison d’en douter. Vivement la suite !