Biohackers, Christian Ditter (Netflix)

L’Allemagne a décidément le vent en poupe chez Netflix. Après Dark ou encore ‌How To Sell Drugs Online (Fast), voici Biohackers, un thriller scientifique qui se construit autour de quelques idées nouvelles dans le monde de la biologie génétique. Christian Ditter a bien potassé son sujet, suffisamment en tout cas pour que la série soit à peu près crédible dans le domaine, entre simples OGM, CRISPR et autres améliorations corporelles. Tout ce champ scientifique sert de base pour une première saison assez banale, mais aussi divertissante, parfaite pour se détendre sans trop réfléchir.

Histoire de mettre dans l’ambiance sans attendre, Biohackers commence par la fin, ou pas loin. Dans un train entre Fribourg et Berlin, tout un wagon tombe comme des mouches sous l’effet d’une maladie dévastatrice et Mia, notre héroïne, ne peut rien faire. Christian Ditter reprend deux semaines avant, lors de la rentrée universitaire où Mia a été acceptée. Cette jeune biologiste brillante cherche à se faire remarquer de la docteure Lorenz, célèbre spécialiste de la génétique qui a fait plusieurs avancées remarquables dans ce domaine. Au départ, on peut croire que Mia l’admire, mais on découvre dès le pilote qu’elle cherche à l’atteindre, pour une raison qui n’est pas très claire. La série de Netflix lève petit à petit le voile sur le passé de Mia, avec une succession de flashbacks qui ne brillent pas par leur originalité, mais qui expliquent la mort de son frère jumeau puis de ses deux parents, et surtout la responsabilité de Dr Lorenz. La saison se bâtit ainsi sur cette quête de vengeance, avec un fil conducteur classique, mais assumé. Le scénario ne cherche pas l’originalité à tout prix et Biohackers joue sur son côté série B, avec des rebondissements rarement crédibles, mais sans se prendre trop au sérieux. Il y a par endroit des facilités un petit peu grossières, des situations impossibles d’où se sortent les personnages in extremis un petit peu trop souvent, mais cela n’empêche pas la première saison de rester légère et plaisante légère jusqu’au bout. Il faut dire qu’elle est aussi très courte, comme le service de streaming a l’habitude d’en faire, avec six épisodes seulement. Fort heureusement, la série a été renouvelée pour une nouvelle saison, et alors que celle-ci se termine sur un twist assez prometteur, on a hâte de voir ce que la suite nous réservera.

Biohackers n’a absolument aucune chance de gagner un prix pour son originalité, et en même temps, ce n’est pas son ambition. Christian Ditter, qui a écrit et réalisé la totalité des six épisodes, cherche manifestement à réaliser un thriller à l’ancienne sur la forme, avec un fond plus moderne fourni par la biologie récente. L’ensemble fonctionne très bien et le casting est suffisamment convaincant pour que l’on ne s’ennuie jamais et même que l’on ait envie de voir la suite. En espérant que Biohackers maintienne sa douce légèreté, ces six premiers épisodes méritent un coup d’œil si vous cherchez une série sans prise de tête.


Biohackers, saison 2

(18 juillet 2021)

La première saison de Biohackers se terminait sur une grosse surprise : dans le van qui emmenait Mia après son kidnapping se trouvait aussi… Lorenz, celle qui semblait être l’ennemie numéro un jusque-là. La deuxième saison ne reprend pas dans la foulée toutefois, mais quelques mois plus tard, alors que Mia se réveille dans l’un de ses cours avec une grosse amnésie. Elle ne se rappelle de rien et doit découvrir que ses colocataires ont déménagé, qu’elle n’est plus la petite amie de Nicklas, mais de Jasper. De multiples bouleversements qui contribuent aussi à relancer la saison sur un mode ralenti, assez surprenant après la fin de la précédente. Ce n’est clairement pas la meilleure idée de Christian Ditter, il faut bien le dire : Biohackers est une série courte et cette amnésie la raccourcit d’autant, sans apporter grand-chose. C’est dommage, car il y avait de quoi faire sur les personnes au-dessus du docteur Lorenz. Faute de temps, tout est compressé sur la fin de la saison et on a bien du mal à rentrer dans l’intrigue et à s’intéresser réellement aux personnages ou à ce qui leur arrive.

Ce n’est pas trop gênant, Biohackers reste une série suffisamment courte pour ne jamais ennuyer. Mais maintenant que l’on a une assez bonne idée des forces en présence, la dose de mystère initiale n’est plus là et c’est moins passionnant. On comprend rétrospectivement pour le scénario introduit l’amnésie, mais c’était un mauvais choix, en tout cas sur une durée aussi longue. Et puis on perd de vue les recherches au cœur de la première saison, comme si la série voulait aller dans une toute autre direction. C’est d’autant plus surprenant que Biohackers semble bien trouver sa conclusion à la fin de son douzième épisode. On ne sait pas encore si Netflix compte la renouveler, mais sa création allemande pourrait bien s’arrêter après deux saisons sans problème de cohérence.