The Defenders, Douglas Petrie et Marco Ramirez (Netflix)

La saga des Avengers reprenait une recette de la télévision pour l’appliquer sur grand écran : telle une série composée d’épisodes de plus de deux heures et de plusieurs dizaines de millions de dollars, elle fait avancer plusieurs personnages dans le même univers, parfois séparés, parfois ensemble. Marvel a réalisé l’effet inverse avec la saga des Defenders, proposant cette fois à la télévision ce que l’on avait eu au cinéma, avec un ensemble de séries dédiées à des superhéros qui avancent parfois séparément, parfois ensemble. Tout a commencé il y a deux ans avec Daredevil, puis a continué dans les années suivantes avec Jessica JonesLuke Cage et enfin Iron Fist. Quatre séries et cinq saisons qui servaient à introduire les superhéros qui composent le groupe des Defenders et cette nouvelle saison les réunit justement pour la première fois. L’art du mélange de héros est toujours complexe, le scénario doit laisser suffisamment de place à chaque personnage tout en gardant sa logique et sans ennuyer si possible les spectateurs… ce qui n’est pas toujours réussi ici. La dernière série née de l’alliance entre Netflix et Marvel reste divertissante et elle contient quelques bonnes idées, mais elle est aussi lente et portée par une histoire sans intérêt, pour ne pas dire carrément ennuyeuse. 

Comme les quatre premières saisons dédiées à chaque superhéros, la première saison de The Defenders s’attache aux origines. On connaît les personnages séparément, pas encore ensemble et l’objectif est d’abord d’expliquer leur rencontre. L’intrigue commence alors que la Main, la fameuse organisation secrète qui est dans la saga depuis ses débuts, s’apprête à frapper fort pour détruire New York, rien que ça. Nos héros ne le savent pas encore, mais chacun dans son coin enquête ou affronte la Main. Iron Fist poursuit son combat direct, Jessica Jones enquête sur la disparition d’un architecte qui est très vite liée à l’organisation, Luke Cage essaie de sortir des jeunes de Harlem hors de ses griffes et malgré tous ses efforts, Daredevil finit par reprendre le combat quand la ville est menacée. Pendant deux ou trois épisodes, Douglas Petrie et Marco Ramirez laissent les quatre personnages séparés, avant de les rapprocher lentement, et encore, contre leur gré. C’est en effet l’une des meilleures idées de cette saga et un bon moyen de la distinguer des Avengers : ces superhéros ne veulent pas de leur pouvoirs et ils ne veulent pas s’assembler en un groupe qui doit sauver New York. Ils mettent beaucoup de résistance à leur réunion et restent parfaitement normaux jusqu’au bout — la scène dans le métro est à cet égard l’une des plus réussies de la saison. C’est une très bonne idée et il faut reconnaître que les scénaristes l’ont bien tenue jusqu’au bout, mais c’est aussi un de ses défauts. The Defenders démarre lentement, beaucoup trop lentement, et on s’ennuie ferme par moments. Fort heureusement, Netflix n’est pas resté à son format traditionnel de treize épisodes et se contente ici de huit, ce qui sauve les meubles, mais il ne se passe malgré tout pas grand-chose. Les scènes de combat sont plus limitées ici que dans l’autre saga de Marvel et c’est très bien ainsi. Mention spéciale pour le niveau de gore nettement plus élevé qu’au cinéma : c’est au moins l’avantage du format dédié au petit écran, il est plus libre que les énormes productions hollywoodiennes. Néanmoins, on a déjà vu cent fois ces combats de kung-fu et on se lasse un peu, même si les interactions entre les quatre superhéros relancent parfois un petit peu l’intérêt. Fort heureusement qu’il y a l’humour grinçant de Jessica Jones pour apporter une bouffée d’air à l’ensemble, sinon ce serait carrément irrespirable. Des quatre, c’est la plus complexe et la plus intéressante, même s’il faut noter que la bêtise sans limite d’Iron Fist est encore une fois très bien exploitée.

The Defenders ne manque pas de défauts donc, mais le spectacle reste divertissant dans l’ensemble. Le plus gros problème à l’heure des bilans, c’est sans doute que l’opposition caricaturale entre le Bien et le Mal est bien trop légère pour intéresser. La Main n’a jamais été un bon méchant, ce n’était pas le cas dans les séries précédentes, c’est encore pire ici. Le choix de Sigourney Weaver pour lui donner un visage est intéressant, mais l’actrice n’est pas suffisamment exploitée et l’idée de cette organisation secrète d’immortels qui agissent depuis des millénaires est franchement banale et ennuyeuse, pour rester poli. Dommage de ne pas offrir mieux à cette saga, mais peut-être que cette série permettra aux Defenders de trouver un nouveau souffle. On verra ce que Netflix nous réserve en la matière, il est difficile toutefois de ne pas faire preuve de scepticisme. Jusque-là, le bilan reste assez faible et il va falloir trouver une idée vraiment excellente pour relancer la saga. Et ce n’est pas une « surprise » (🙄) comme celle que les scénaristes ont imaginé à la fin de cette série qui suffira…