Iron Fist, Scott Buck (Netflix)

Dernier personnage introduit avant la grande réunion des Defenders dans la prochaine série Marvel portée par Netflix, voici Iron Fist ! Ce nouveau superhéros a un poing magique, plus puissant que n’importe quelle arme et capable de terrasser n’importe quel ennemi. La série créée par Scott Buck a la lourde tâche d’introduire le personnage et de nous le présenter indépendamment des trois autres, tout en creusant la même histoire globale. Ainsi, si vous n’avez pas vu les deux premières saisons de Daredevil, la première de Jessica Jones et celle de Luke Cage, vous serez un petit peu perdu. Les treize épisodes de la première saison peuvent être suivis seuls, mais soyons honnêtes, vous perdrez alors beaucoup. Ce personnage est intéressant par certains aspects, mais la saison est beaucoup trop longue et un petit peu ennuyeuse si on ne s’intéresse pas à la saga dans son ensemble. Dommage, il y avait sans doute mieux à faire de ce milliardaire revenu d’entre les morts.

Dans la grande famille des superhéros, Iron Fist est à ranger dans la catégorie des accidentés. Ce n’est pas un accident de laboratoire qui transforme Danny Rand, mais le crash du jet familial alors qu’il avait dix ans. Ses deux parents meurent dans l’accident, mais le garçon survit miraculeusement et il est recueilli par des moines tibétains. Pendant quinze ans, il reste dans ce monastère et il passe pour mort dans sa ville natale de New York et brutalement, il revient un jour. C’est là que la première saison de Scott Buck commence et à ce stade, Danny est déjà doté de son pouvoir magique, mais il ne le maîtrise pas vraiment. Et surtout, le héros d’Iron Fist est un Candide des temps modernes, un jeune homme naïf et un peu stupide qui ne sait pas où il met les pieds. C’est sans doute l’aspect le plus intéressant de la nouvelle série Marvel chez Netflix : son personnage principal est stupide. C’est le cas dans le premier épisodes, c’est encore le cas dans le treizième. Ce qui l’amène à prendre des décisions idiotes constamment, soit à foncer dans le tas quand il ne faut pas, soit à faire confiance aux mauvaises personnes. Cette posture est intéressante et elle désacralise complètement le superhéros tout puissant. D’ailleurs, il n’arrive pas toujours à activer son poing et quand il y parvient, c’est pour une durée très limitée. On doit lui expliquer comment utiliser son propre pouvoir, c’est un héros incomplet et qui est privé de formation complète. Tout ceci est intéressant… mais c’est aussi la principale limite de la saison. Netflix impose son format de treize épisodes et c’est clairement une erreur. Iron Fist aurait gagné à être plus court, beaucoup plus court : une saison réduite de moitié aurait sans doute été beaucoup plus réussie. À défaut, on s’ennuie un petit peu, les séquences d’action ne sont pas toujours réussies et puis les arts martiaux ont déjà été bien couverts par Daredevil à l’intérieur de la même saga. Tous les personnages sont un petit peu idiots par moment, il n’y a aucun véritable méchant qui se dessine et même sur le plan technique, il y aurait beaucoup à redire. Bref, ce n’est certainement pas la meilleure série Marvel/Netflix, pas forcément la pire non plus et l’approche du personnage est intéressante. Elle aurait pu être nettement plus riche toutefois si les scénaristes l’avaient adoptée pleinement, au lieu de la traiter presque comme un accident.

The Defenders rassemble quatre superhéros et il fallait bien une série pour chaque personnage, sans doute. Netflix aurait été bien inspiré de faire varier les longueurs de chaque série toutefois, car le principal problème d’Iron Fist est sans conteste sa longueur. On a souvent l’impression de regarder une histoire pas super intéressante dont le principal objectif est de faire patienter avant la grande réunion. Pourtant, cette première saison intrigue par certains aspects innovants, à commencer par le traitement original de son superhéros, loin de la glorification habituelle. C’est une bonne idée, mais elle n’est pas vraiment exploitée, ou alors par accident. C’est dommage et on ne recommandera Iron Fist qu’aux fans qui ne veulent rien rater de la saga…


Iron Fist, saison 2

(24 septembre 2018)

Par sa naïveté et son idiotie, le personnage de Danny Rand ne ressemblait à aucun autre super-héros, ce qui rendait la première saison d’Iron Fist assez originale, intéressante et en même temps vite ennuyeuse. Pour survivre comme série, il fallait un renouvellement complet et fort heureusement, Scott Buck trouve une nouvelle voie avec cette suite. Raccourcie de trois épisodes, elle reste peut-être un petit peu longue et souffre de quelques défauts persistants, en particulier des intrigues et personnages secondaires assez ennuyeux — on pense tout particulièrement au frère et à la sœur — et un style qui n’évite pas le kitsch. Dans cette suite, la musique ridicule au possible qui retentit à chaque fois qu’il est question de K’un L’un n’arrange rien à ce niveau, même si le pire arrive à la toute fin1. Mais tout n’est pas mauvais et les deux méchants qu’affronte successivement Danny Rand sont nettement plus riches et intéressants qu’on pourrait le croire. Il y a tout d’abord Davos, le frère ennemi de K’un L’un, qui commence comme une caricature assez simpliste, mais qui est en fait plus complexe qu’on ne pourrait le croire, avec une réflexion sur le rôle du héros. Sacha Dhawan ne parvient pas à offrir un jeu aussi subtil que nécessaire, mais l’histoire de son personnage est suffisamment riche pour intéresser. Belle réussite aussi pour Mary Walker, personnage complexe qui souffre d’un trouble dissociatif et Alice Eve est parfaite dans le rôle. Même si le twist en fin de saison sur son rôle est un poil grossier, le personnage est là aussi passionnant et on excuse ces erreurs, en appréciant de la voir plus souvent.

Scott Buck a peut-être compris que le personnage de Dany Rand n’était pas très intéressant en revanche. Dans la deuxième saison d’Iron Fist, on le voit beaucoup moins et la vedette lui est volée par les deux méchants, mais aussi par un duo féminin que l’on n’attendait pas. Colleen Wing est centrale avec Misty Knight, la détective que l’on avait surtout croisée dans Luke Cage jusque-là. L’inversion des rôles importants dans la série devient même le moteur de l’intrigue, ce qui est assez gonflé de la part des scénaristes, et tenu jusqu’au bout. On n’en dira pas plus, mais on peut saluer toutes ces idées nouvelles qui viennent sauver Iron Fist du désastre. On reste loin de la grande série pour autant, mais Netflix redresse la barre et cette saison se regarde avec plaisir. Est-ce que le personnage a un avenir pour autant ? Réponse, peut-être, dans une troisième saison, mais ce que l’on découvre à la toute fin de celle-ci n’est pas forcément très encourageant.


  1. ⚠️ SPOILER ALERT ⚠️ Qui s’est dit qu’un sabre qui brille et des balles lumineuses — et téléguidées ! — étaient de bonnes idées ? Comment peut-on imaginer sérieusement cette ultime séquence ? Dommage, parce que sur le plan visuel, la saison se tenait plutôt bien, et puis… 🤢