Ocean’s 8, Gary Ross

Plus de dix ans après le dernier volet, la trilogie créée par Steven Soderbergh devient une saga avec un nouveau volet qui fait office de reboot, même s’il s’agit techniquement d’une suite. Ocean’s 8 est en fait un spinoff, avec une toute nouvelle équipe, un casting entièrement féminin et un nouveau réalisateur derrière les caméras. On reste dans le même univers et d’ailleurs, Gary Ross ne se prive pas pour multiplier les clins d’œil aux trois films précédents, et on reste aussi sur le même genre, avec encore une fois un film de casse dans la plus grande tradition du genre. Ce n’est pas très original, pas forcément très utile non plus, mais ce n’est pas mauvais pour autant. Ocean’s 8 est un divertissement honnête, qui se regarde avec plaisir, à défaut d’être inoubliable.

Dans la trilogie de Steven Soderbergh, le héros était Daniel Ocean, dans ce spin-off, c’est Debbie Ocean qui prend le relai, sa sœur. Le long-métrage commence alors qu’elle sort de prison — comme son frère dans Ocean’s Eleven — et alors que son frère vient de mourir, une manière pas très subtile de mettre un terme définitif à la série originale et de passer à autre chose. Pour autant, Gary Ross compte bien exploiter le succès des œuvres originales et son film commence explicitement dans la lignée des précédents. L’un des personnages de l’ancienne bande passe voir Debbie, et c’est comme si elle était l’héritière de la bande de Dany. Ocean’s 8 se construit d’ailleurs comme les trois précédents, autour d’un casse qui rassemble une fine équipe de voleurs, ou plutôt de voleuses. Comme pour le retour de SOS Fantômes il y a deux ans, ce film est entièrement féminin et les huit qui participent aux casses sont toutes des femmes. C’est un juste retour des choses, tant le genre est rempli de films exclusivement masculins, même si le scénario n’évite pas les clichés. L’objectif est de voler un bijou féminin et plusieurs scènes soulignent lourdement la féminité des personnages. C’est un petit peu dommage, même s’il faut reconnaître que l’ambiance différente est fortement appréciable et que le casting est d’un très haut niveau. Gary Ross a rassemblé une belle brochette de stars, de Sandra Bullock à Helena Bonham Carter, en passant par Cate Blanchett, Sarah Paulson ou encore Anne Hataway et elles sont toutes très à l’aise dans leur rôle1. L’intrigue en elle-même n’est pas très originale et même la petite surprise réservée pour la fin est un cliché dans la saga. C’est vrai et en même temps, les Ocean’s n’ont jamais été des films originaux. Ils reposaient surtout sur une alchimie entre les acteurs et sur une bonne ambiance générale, pour un résultat fun qui se regardait avec plaisir. Et dans l’ensemble, cette suite fait aussi bien que ses prédécesseurs. Ocean’s 8 n’est pas très original, ce n’est pas un grand film, mais il n’essaie jamais de se faire passer pour tel. Gary Ross semble avoir conscience des limites du projet, il ne le prend pas trop au sérieux et se contente de créer un film de casse qui fonctionne bien. L’alchimie entre les personnages n’est pas aussi bonne et les films de Steven Soderbergh étaient globalement meilleurs, mais celui-ci n’est pas mauvais pour autant.

Ce retour de la saga Ocean’s n’apporte sans doute pas grand-chose et on peut critiquer l’opportunisme de ce projet qui repose sur la renommée des films précédents sans vraiment changer la recette. Tout ceci est vrai, et en même temps, le long-métrage de Gary Ross reste amusant et fort sympathique. Le casting est dans l’ensemble fort convaincant et Oceans’s 8 se regarde avec plaisir. Parfait pour une séance vite regardée, vite oubliée.


  1. Oublions Rihanna, qui prouve encore une fois qu’elle n’est pas une très bonne actrice et qui semble n’être ici que pour allonger encore la liste déjà longue de stars. Dommage !