SOS Fantômes, Paul Feig

En 1984, Ivan Reitman signait avec SOS Fantômes une comédie plaisante et drôle, à défaut d’être très fine. Le film, et surtout sa chanson mythique, sont rapidement devenus cultes et l’univers a été réutilisé pour un deuxième film peu de temps après, pour des jeux vidéo, des séries animées… et maintenant un remake qui sera aussi potentiellement le premier volet d’un reboot de la saga. Cette fois, c’est Paul Feig qui s’attelle à la tâche et le cinéaste amène avec lui ses actrices fétiches ainsi que son humour toujours un petit peu gras, mais toujours drôle. Le SOS Fantômes de 2016 est donc féminin, ce qui a créé l’une des polémiques les plus stupides de l’année, il est toujours aussi peu léger, mais reste un divertissement bon enfant assez amusant. Encore une fois, Paul Feig ne signe pas un grand film et ce n’est pas grave : son SOS Fantômes est fun et le casting féminin rafraichissant.

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Le scénario du nouveau SOS Fantômes suit assez fidèlement celui de l’original, si bien que vous ne serez pas dépaysé si vous ne découvrez pas l’univers avec ce long-métrage. Paul Feig modifie malgré tout quelques points importants, par exemple en ne posant pas dès le départ le postulat que les fantômes existent. C’est quelque chose que le spectateur découvre en même temps que les personnages dans les premières minutes, là où Ivan Reitman ne s’embarrassait pas d’une introduction. De même, le groupe des chasseuses de fantômes n’est pas formé au départ et l’une d’elles, Erin, fait même tout pour s’éloigner d’Abby, son amie d’enfance avec qui elle a écrit un livre sur le paranormal et les fantômes qu’elle tente désespérément de faire oublier. Autre différence notable, ce n’est pas un politique corrompu qui libère les fantômes sur New York à la fin, mais un type un peu déséquilibré qui cherche une vengeance. Ce ne sont pas des changements majeurs, puisque SOS Fantômes suit largement le fil rouge de l’original — c’est quand même un remake après tout —, ce sont néanmoins des changements symboliques importants. L’œuvre est moins politique, même si le maire de la ville joue son rôle de salopard qui tire la couverture à lui, et elle s’inscrit dans un cadre plus normal. Le second degré provient justement du décalage entre la normalité et les actions du quatuor de filles. Le passage devant la caserne de pompiers utilisée par le film de 1984 n’est pas qu’un clin d’œil sympathique vers le passé, c’est aussi une manière de ridiculiser leur véritable emplacement, au premier étage d’un restaurant chinois miteux.

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Comme toujours chez Paul Feig, tout est outrancier ici. Les armes bricolées par les chasseuses ressemblent à des jouets et elles tirent une sorte de fluide électrique rouge qui sort constamment de l’écran1. Ce n’est pas très sérieux, tout comme ses membres sont, à part deux d’entre elles, là probablement pour de mauvaises raisons. SOS Fantômes n’invente rien, tout ceci était déjà dans la version originale, mais cette relecture souligne encore davantage le ridicule de la situation. La voiture si connue avec ses gros gyrophares et son toi bardé d’équipements a été gardée à l’identique, mais c’est un corbillard transformé pour l’occasion. Et que dire du secrétaire débile, incarné par un Chris Hemsworth dans un rôle guère valorisant, source d’un humour facile, mais qui fonctionne à plein dans le genre. Naturellement, les stars ici sont à chercher du côté du casting féminin et le cinéaste a repris ses habituées, en premier lieu Melissa McCarthy. L’actrice est excellente dans son rôle de femme empotée, dans tous les sens du terme, et sa bonne humeur est communicative. On retiendra surtout sa collègue, Kristen Wiig, qui s’était illustrée dans Mes meilleures amies et qui excelle ici encore dans son humour jamais surjoué et constamment sur la gêne. La séquence où elle est virée de son université est, à cet égard, un grand moment de comédie.

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Le long-métrage des années 1980 n’était déjà pas très léger, on ne pouvait pas attendre d’un remake de Paul Feig autre chose que de la lourdeur. Cela n’a pas manqué et son SOS Fantômes est une comédie un petit peu lourdingue sur les bords, mais qui assume totalement. Et à l’arrivée, ce n’est pas plus mal : certes, le long-métrage n’est pas très original et on pourrait même se demander s’il était bien nécessaire, mais il est très plaisant à regarder. Et quand on en juge aux polémiques absurdes sur le casting féminin, on se dit que ce nouveau SOS Fantômes a au moins eu cette vertu de rappeler que notre société n’est malheureusement pas aussi ouverte et moderne qu’on le souhaiterait. Paul Feig a presque un signé un film politique par accident…


  1. Voilà, d’ailleurs, un film qui devait être plaisant à regarder en 3D. Le rendu sur une télévision est bien fichu, avec certains effets qui sortent du cadre habituel et s’impriment sur les bandes noirs, mais on peut imaginer ce que cela donnait en salles et en trois dimensions.